Bon, un petit compte-rendu du Cristalp, à la Pedalator car qu'est ce que c'était bon
.
Préparation du spad, avec l’indispensable profil du dénivelé (avec km, altitude et heure de neutralisation) collé sur le tube supérieur. Le matos : fourche Fox 120mm, tige de selle Thomson et selle WTB, pneu AV Schwalbe Nobby Nic 2.25 Tubetype Double Defense gonflé à 1,7 bars et pneu AR Continental Race King 2.2 ProTection Tubetype gonflé à 1,6 bars.
La configuration du parcours en gros : 5 grosses montées, soit d’une traite, soit en 2 parties, avec portage obligatoire de 400m de D+ dans la dernière côte.
Arrivée sur la ligne de départ. Il est 5h40 du mat’ à 1600 d’altitude. Il fait déjà tellement chaud que je suis en maillot manche courte. Rien à voir avec 2006.
Pour la première fois (et sans doute la dernière) de ma vie, ben je suis classé en « Elite » les gars
. Sont vraiment bien, ces suisses.
Départ. Ca monte raide, sur la route, pour quitter Verbier. Je n’arrête pas de me faire doubler. Eh, les gars, ce n’est pas du XCO.
Me double un magnifique Lynskey titane Helix (tubes torsadés) en 29 pouces
, avec qui je vais me bagarrer (avec succès) dans le single d’anthologie en haut de Mandelon. Dans un autre registre, me double un superbe Old School Klein Attitude bien flashy.
La montagne éclairée par l’aube est sublime.
Antoine3960 me rattrape et on papotte un peu. On va se retrouver souvent sur le parcours.
Petit à petit, les muscles finissent par se réchauffer et ça va mieux. Au bout de 700m d’ascension, je finis par franchir le col à 2174m et bascule dans la pente, sur une piste large, tout en virage et avec pas mal de « tôle ondulée », suivi par un peu de singletracks. Dans les 2 parties de la descente, je me surprends à passer du monde. On passe La Tzoumaz à Mach2. Puis on continue à descendre.
Nous voilà finalement à 1320m. Maintenant, faut remonter à 2200m. Ca se fait par une longue montée sur piste qui participe principalement à l’augmentation de km/D+ par rapport aux éditions précédentes. Quelques concurrents me passent, mais ça commence logiquement à s’équilibrer. On sent quand même que le niveau moyen des gars qui se sont engagés sur le grand parcours est nettement plus élevé que sur le Cristalp « habituel ».
Nous y voilà, on peut redescendre sur Nendaz (1300m), ce qui se fait par un mix plus équilibré entre piste moyennement cassante et single, sur lesquels je rattrape un peu de monde. Je passe sous le panneau « Départ » du 2° parcours (il y a 4 parcours possibles) mais qui me fait sourire avec mes 47km déjà au compteur.
Les pneus se comportent à merveille, en particulier le pneu AR qui est un régal sauf sur les arrivées à grande vitesse (plus de 35km/h) par la route dans les stations où je sens assez nettement le flou à l’arrière du fait de la basse pression.
Bon, me voilà à 1230m. J’attaque une longue montée en 2 parties alternant pistes et singles. J’arrive en haut de la première partie à Veysonnaz (1560m) avec 1h1/4 d’avance sur la barrière horaire. Je redescends d’un peu plus de 200m sur du single et attaque la deuxième partie de la montée d’abord en single puis sur piste, qui me fait passer par Les Collons puis m’emmène à 1890m. Physiquement, ça continue à aller plutôt pas trop mal. Je double un peu en montée mais rien de transcendant. La course est au point d’équilibre.
Me voilà en haut. Je fais joujou quelques minutes sur du « plat » puis je plonge littéralement vers Hérémence via une descente sur piste mais très longue, très raide et très cassante. Je retrouve mes sensations des éditions passées, à savoir la crainte de casser le pivot de fourche ou le cintre
. Je me rassure en me disant que j’avais un cintre en 25,4mm auparavant.
Pouf, me voilà au point le plus bas du parcours, à 1220m. J’ai toujours 1h1/4 d’avance sur la barrière horaire. A ce moment là, je roule à 15km/h de moyenne et je me prends à rêver de boucler le parcours en 10 heures. La suite va rapidement me montrer la différence entre espoir et réalité.
Allez hop, on remonte. Les paysages sont quand même somptueux.
Heureusement, parce que je commence brutalement à coincer. J’arrive sur un replat de 5km sur une piste assez lisse et là, je regarde le GPS et vit une situation un peu surréaliste : je suis dans le rouge, le GPS affiche 73km pour 2600m de D+, … et je n’en suis qu’à la moitié. Et le plat s’achève. Et la montée interminable par la route sur laquelle je coince à chaque édition commence.
Bon, je baisse un peu le rythme, je m’alimente bien, je m’impose un rythme 85m de D+ sur le vélo suivi de 15m de D+ en poussant le bike, et surtout je serre les dents.
Je finis par sortir de la forêt et rentre dans les alpages de Mandelon. C’est magnifique.
Au bout de la route se trouve le ravito. J’ai encore un peu plus d’une heure d’avance sur la barrière horaire. Ca devrait le faire. Je m’alimente bien, puis continue à grimper, sur piste ce coup-ci, qui va rapidement se transformer en single.
C’est bon, la forme revient dès le départ du ravito. Et plutôt bien d’ailleurs. Je commence à doubler. Facile en plus. Normal, je viens de passer les 90km
. Puis on arrive à la partie que j’adore : 4 km de single génialissime en petites montagnes russes sur un terrain uniquement composé de cailloux ancrés, le tout à plus de 2200m d’altitude. Et je retrouve rapidement mon collègue italien au guidon de son Lynskey titane en roue de 29 pouces. On se tire la bourre tous les 2, aussi bien dans les coups de cul que dans les descentes incessantes. On n’arrête pas de doubler en vrac les autres concurrents. Il finit par bloquer dans une montée. Je le passe n’importe comment sur le côté. Merci le RK gonflé à 1,6 bars. C’est passé. Gaz maintenant. Il s’accroche quelques centaines de mètres puis finit par lâcher prise. Cooooooool.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, le single se finit et je commence la descente sur Evolène par une piste rapide mais hyper cassante puis par des singles bien techniquess.
Ca y est. Je suis à Evolène à 1370m. Plus qu’une difficulté, mais une sacrément belle
puisque je dois remonter à 2787m avec une descente de plus de 200m entretemps. J’ai encore un peu plus d’une heure d’avance sur la neutralisation mais je sais qu’il faut rester prudent, car les horaires de toutes les barrières ont été incrémentées d’une demi-heure entre Verbier et Evolène, mais que celles au-delà d’Evolène sont restées inchangées.
Je m’alimente bien et repart à l’assaut des cimes par une piste. Le paysage est somptueux.
La redescente intermédiaire se fait par un single bien sympa. Puis on reprend la piste.
J’arrive à Eison, à mi-montée. Ca va, j’ai bien géré jusqu’à présent. Il me reste 45 minutes d’avance sur la barrière horaire.
Je repars, mais je commence rapidement à recoincer. J’en suis à 110km pour 4500m de D+. Rien d’anormal en fait
. Je gère exactement de la même façon que dans la montée de Mandelon. Mais je morfle plus. Bien plus en fait. Le GPS me lâche. Plus de pile. Je continue à gérer avec la Suunto. Le ravito de l’A Vieille, au pied du Pas de Lona, est en vue. Mais P… qu’est ce que c’est encore haut.
Je serre les dents. Tout le monde est aussi mort que moi autour de moi.
C’est bon. J’y suis. Je descends du vélo pas bien du tout. J’ai 35 minutes d’avance. Ca va, j’ai limité les dégâts. Je mange bien, m’étire à la Bruno
, reste 10 minutes pour récupérer un peu.
Allez zoup, les dernières forces. Je pars à l’assaut du Pas de Lona. 400m de D+ de portage. Un courageux me double au début sur le vélo. Ca passe à peine mais je n’ai plus la force d’essayer. La pente durcit, le terrain devient friable, bienvenue dans l’enfer du Pas de Lona.
J’avance comme un robot, petit pas par petit pas. Un petit vieux, que je vous dis. J’ai perdu un peu la notion du temps. Les 10h sont envolées depuis longtemps. Finalement, finalement, j’y arrive au sommet, à 2787m.
Mais je sais que ce col est une p… de saloperie. Le Pas de Lona est composé de 2 sommets en fait, tous 2 à 2787m, mais il faut redescendre de 150m jusqu’au Lac de Lona et donc remonter bien évidemment de la même hauteur pour rallier le Basset de Lona un peu plus loin, à partir duquel on peut vraiment commencer la descente finale.
Heureusement que la descente en single à 2700m est géniale. La montée est affreuse mais j’arrive presque à la passer entièrement sur le vélo.
C’est bon. Me voilà en haut. C’est fini. Et j’attendais le paysage vu depuis le Basset de Lona. C’est toujours aussi somptueux.
Bon, c’est pas tout ça, mais faut quand même que je finisse en moins de 12h. J’ai ma fierté
. Et j’ai une descente de 15 bornes et de 1200m de D- qui m’attend. Et je sais qu’elle est costaud. Surtout avec 122km et 5400m de D+ dans les pattes. On commence par une piste en virage sur un sol défoncé. Ca secoue de partout. Je dépose des « moyens parcours » à la peine, et double plus difficilement quelques gars de ma catégorie. Puis je continue la descente sur un single bien pentu, avec des cailloux ancrés partout. On passe dans plusieurs fois à gué dans un (bon petit) ruisseau. A mi-chemin de cette partie de la descente, je profite d’une petite remontée pour passer un gars de ma catégorie. Il s’accroche le bougre. Et bien. On s’enquille dans les pierriers sans trop réfléchir, terrorisant presque les « moyens parcours » que l’on double n’importe où à l’arrache. Pas très prudent je me dis
. Je jette un coup d’œil lors d’un lacet, je vois que, sans avoir fait le trou, j’ai quand même pris quelques confortables mètres d’avance. J’arrive dans la 3° partie de la descente : une piste pentue, composée de pierres ancrées ou roulantes, mais plus petites, sur laquelle une « trace » a été plus ou moins faite par les vélos d’avant nous. Je lâche les freins. Ca tabasse monstrueusement. Je manque par 2 fois de lâcher le cintre. Et ça dure. Enfin, je quitte la piste à haute vitesse pour m’engager sur les 200 derniers mètres sur un chemin de terre qui me permet de couper, enfin, la ligne d’arrivée, gagnant mon duel inutile mais tellement agréable
.
Au global, 137km pour 5400m de D+, en 11 heures 55 minutes 32 secondes et 4 dixièmes. Sont précis, les Suisses
. Donc une moyenne un poil au dessus des 11 km/h.
Et pas trop cassé à l’arrivée, ni le lendemain.
Et des souvenirs plein la tête.
Et agréablement surpris d’avoir aussi bien tenu le coup malgré des sensations physiques pas top et un entrainement restreint pendant ces vacances.
J’espérais également comparer les performances entre TS et SR light puisque j’avais fait mes 3 derniers Cristalp avec des TS (Giant XTC et Lapierre X-Control). Ben, en fait, c’est plus ou moins kif kif. 4 ans de plus et un entrainement préalable similaire pour le bonhomme, et au global un temps comparable (121km/4800m D+ en 11h pour les TS, 137km/5400m de D+ pour le SR).
Au chapitre des remarques générales :
- les suisses nous encouragent tous sans la moindre exception. Ca a un côté assez génial.
- les ravitos sont très bien provisionnés et très bien positionnés
- les parcours ne changent pas. C’est un peu dommage.
- l’allongement du long parcours a réduit de manière considérable le nombre de participants, puisque ça tournait à largement plus de 1000 arrivants sur le 121km habituel, alors qu’il n’y a eu que 373 arrivants sur le 137km de cette année.
- au chapitre matériels, j’ai vu une petite dizaine de titane, pas plus. Pour le reste, ça se partageait entre les tout-suspendu XC carbone et les semi-rigides carbone. Très peu de vélo de 120mm ou plus. Et Specialized se taille la part du lion, en SR comme en TS.
- j’ai eu la peur de ma vie au retour lorsque le chauffeur du bus, qui a du obtenir sa qualification « remorque » quelques jours avant, a raté les 2 premiers virages avec son bus
.
Bref, ma plus belle édition du Cristalp.
Je n'arrive plus à rouler que sur de l'artisanal. Crise de la quarantaine j'imagine.