Édition du vendredi 23 mars 2007
Le festival Pleine nature privé de bord de mer
Des associations environnementales contraignent la Magic Armor à éloigner les compétitions sportives du littoral. Ce qui menace la pérennité du festival.
L'an dernier, une grimpeuse réunionnaise et un vététiste des Pyrénées confiaient leur bonheur de faire du sport dans un site aussi splendide que celui du Palus, à Plouha. Depuis plus de dix ans, le festival Pleine nature mobilise 70 associations partenaires de l'organisation, et accueille 8 000 sportifs et près de 30 000 visiteurs, pendant cinq jours, à l'Ascension. L'édition 2006 sera certainement la dernière à s'être déroulée sur ces falaises en surplomb du littoral. Un groupement d'associations environnementales (1) semble en passe d'interdire la coupe de France VTT et autres activités sportives sur les sentiers du bord de mer. « Une partie de cette manifestation se déroule dans un site classé, note Jacqueline Caplat, présidente de la Fédération d'associations de protection de l'environnement et de la nature (Fapen) des Côtes-d'Armor. La réglementation est extrêmement stricte. Pour organiser des compétitions de ce genre, il faut des autorisations de la Direction régionale et du ministère de l'Environnement. »
8 000 nuitées déjà réservées
Le bras de fer s'est engagé il y a plusieurs mois. Échanges de courriers et réunions de concertation n'ont pas permis de trouver un terrain d'entente. Jean-Yves Conan et Hervé Baudet, les deux chevilles ouvrières de la Magic Armor, association organisatrice, se disent « stupéfaits. Nous avons toujours obtenu l'accord des propriétaires des chemins privés que nous traversions, des champs qui servaient à l'accueil du public et des voitures. Les autorités, y compris la préfecture, ont chaque année donné leur accord ». De plus, « nous avons tout le temps mis l'accent sur le respect de la nature par des animations de découverte, de sensibilisation et d'initiation à l'environnement ». Ils avancent également « la mise en place des dispositifs, repris au niveau national, afin de mesurer l'impact écologique et renforcer les règles de protection de l'environnement par les pratiquants ».
Dans l'impasse, la Magic Armor a avancé l'idée de retourner sur le site voisin de Bonaparte, où se sont tenues plusieurs éditions. Même veto des associations environnementales : des sites sont classés. « Cet événement, reconnu à l'échelon national, est d'un intérêt économique et touristique indéniable, plaide la Magic Armor. A ce jour, plus de 8 000 nuitées sont réservées pour l'édition 2007. » L'argument économique, Jacqueline Caplat le balaie d'un revers de la main. « Si demain, les sites sont dénaturés. Là, oui, il y aura un impact sur l'économie et le tourisme. » Les organisateurs sont démunis. Et pas question de passer en force. « Il n'y a rien à faire, ils ont la loi pour eux », explique Thierry Burlot président de la communauté de communes Lanvollon-Plouha, « partenaire privilégié » de ce rendez-vous.
Une dernière réunion de concertation, prévue lundi 26, semble déjà vouée à l'échec. Dans l'urgence, Jean-Yves Conan et son équipe imaginent un parcours VTT et des animations dans le bourg et la campagne de Plouha. « Nous voulons sauver le festival 2007 par respect pour les participants. » Mais inutile de le cacher, le festival Pleine nature sans son décor de carte postale perdra de sa superbe. « L'avenir pose question, d'autant que les bénévoles sont usés par ces incidents », relate Thierry Burlot.
David DÉSILLE.
(1) Fapen, Apen de Plouha, Vivarmor, Geoca.
Ouest-France
Depuis, le festival a été effectivement annulé.