La BTR, c’est une épreuve un poil « underground » à ses débuts qui est en passe de devenir un grand classique du genre, grâce il faut l’avouer à l’effet de mode du bikepacking. En cette année 2017, Luc Royer nous envoie traverser les Alpes. Au programme : l’Allemagne et le mont Blauen, la Suisse et ses cols à plus de 2000m et l’Italie avec le Mottarone. Le retour en France s’effectuera par le col de Montgenèvre. Le Ventoux et le mont Aigoual complèteront ces réjouissances.
Bon, autant l’avouer de suite, la TCR étant dans mes pensées depuis ma sélection, j’ai complètement occulté la BTR.
Ce n’est grosso modo que dix jours avant que je commence à fignoler mon parcours, étant alerté via les réseaux sociaux de quelques difficultés de passage en Suisse à cause de travaux.
Il y a donc, je refais un topo vite fait pour ceux du fond qui n’ont pas suivi, trois options possibles (j’écarte volontairement l’option gravel) : le passage classique Grimsel-Simplon, le plus facile par le Gothard et enfin via San Bernardino, plus long mais plus facile aussi car un seul col à franchir.
Le passage par le Gothard est le plus rationnel : un seul col à passer et plus court. Seulement voilà, des travaux sont en cours sur ce tronçon et le passage des vélos est interdit. Apparemment il faut marcher pendant 4 kilomètres sur un sentier pédestre.
J’écarte donc volontairement cette trace qui me semble trop aléatoire pour ne laisser place qu’aux deux autres.
Là encore, pas trop d’hésitation : je préfère passer un col supplémentaire que de rallonger par 50 kms de plat ! Après tout, si je suis en Suisse, c’est pour en profiter.
Donc se sera Grimsel et Simplon.
Quelques jours avant l’épreuve, je reçois le matériel de bivouac commandé : sac de couchage, bivy, matelas. Je change également disques et plaquettes (reçus la veille !) sans avoir trop le temps de régler les freins. Les roues ne tournent quasiment pas à cause des frottements…. Au moins ça simule les pertes d’énergies dues au moyeu dynamo ! Restons positifs.
Finalement, seule manque à l’appel une nouvelle paire de roues avec un moyeu dynamo pour être autonome en électricité. François a reçu le moyeu mais pas les jantes.
Tant pis, je garderai un éclairage classique sur batterie. J’en prendrai deux pour passer les trois nuits. Je double mon éclairage arrière, on ne sait jamais.
En plus du matériel de bivouac donc, j’embarque quelques barres, un chargeur nomade pour le second GPS, deux chambres à air, deux trois fringues de vélo et c’est tout. Hors eau je suis à 12,7 kgs, ce qui est plutôt pas mal.
Au niveau des pneus, mes Gravelking étant vraiment trop usés, je monte une paire de Vittoria premier prix qui traîne dans le garage.
Le vélo est enfin prêt la veille du départ.
Lever donc à 06h30, petit déjeuner classique puis départ pour la gare afin de monter dans le TER de 07h45 qui me mènera jusqu’à Montpellier pour ensuite prendre un TGV pour Strasbourg et enfin un autre TER pour Obernai. Une vingtaine de kilomètres en vélo suivront pour rallier le point de départ, à savoir le mont Sainte Odile, malheureusement connu pour le crash aérien ayant eu lieu 25 ans plus tôt.
Bon, ça c’est la théorie ! Mais c’est sans compter sur la SNCF et son amateurisme dans la gestion des aléas (je reste soft en rapport à mon devoir de réserve).
Je monte donc dans mon TER tout content de partir pour un beau week-end de vélo. C’est là que ça commence. Découverte d’un corps près de la voie vers Agde. Voie 1 et voie 2 coupées, rétention des trains jusqu’à nouvel avis. Bon, je sais d’ores et déjà que je n’aurais pas le TGV à Montpellier (une demi heure de correspondance). D’expérience, s’il y a intervention du parquet, de la police ou de la gendarmerie, ça prend deux ou trois heures.
Etonnamment le train démarre avec moins de dix minutes de retard. Le contrôleur nous annonce quand même que nous seront retenus à Narbonne jusqu’au déblocage de la situation.
J’appelle Adeline, un poil énervé et surtout dépité, en ayant juste envie de faire demi-tour et de rentrer. Bon, je me fais engueuler au passage et elle me donne les horaires d’un plan B, c'est-à-dire prendre un TGV pour Paris puis un autre pour Strasbourg. Dans le meilleur des cas j’arrive une heure plus tard que prévu, et dans le pire, tout le monde sera parti quand je me pointerai au mont Sainte Odile.
Donc, à Narbonne, ils font partir devant nous un autre TER (sachant pertinemment qu’on était quelques uns à monter dans le TGV pour Strasbourg par la suite) et un TGV.
Ce manque de coordination énerve, à jute titre, les passagers, tandis que le contrôleur le conducteur et moi ne sommes pas surpris de la situation. C’est triste, mais c’est comme ça.
Arrivé à Montpellier, je saute in extremis dans le TGV pour Paris avec mon vélo non démonté.
Allez, encore un aparté sur la SNCF et après j’arrête, promis ! Il faut savoir, pour ceux qui ont la chance de ne pas avoir à subir les affres du transport ferroviaire, que prendre un TGV avec un vélo non démonté est considéré comme un acte de malveillance de la plus haute gravité ! Autant circuler sans billet ni papiers devient courant et dans la plupart des situations non répréhensible, autant monter un vélo dans un TGV demeure une violation suprême passible d’être débarqué du train. Sans commentaires…
Je démonte les roues et case le vélo derrière les sièges, en ayant eu au préalable droit au laïus du contrôleur sur le danger que représente le fait de mettre un vélo dans le train (!!!).
Arrivé gare de Lyon, il faut que j’aille jusqu’à la gare de l’Est pour rejoindre ensuite Strasbourg.
Branchement du GPS, il y a jusque 5 kilomètres entre les deux gares, et c’est parti pour un dépucelage du vélo dans Paris. Autant vous dire que je n’ai pas été déçu ! Mes pensées ont été de suite tournées vers les coursiers (Christopher, Frédéric qui en est heureusement parti) qui subissent ça toute l’année. Entre les taxis, les automobiles, les scooters et les motos, je m’insère dans le flux de circulation de cette jungle urbaine bruyante trop rapide et trop éloignée de mes aspirations.
Gare de l’Est, deux trois cyclistes avec leur panoplie de bikepacking sont déjà présents et attendent d’embarquer pour l’Alsace. Je retrouve entre autre Laurent, un copain virtuel du forum Mélivélo.
Le trajet jusqu’à la capitale alsacienne s’effectuera sans encombres (il y a un compartiment vélo dans le TGV !). Changement de train pour Obernai, avec au passage aussi changement de météo puisqu’il pleut…
Notre groupe se sépare puisque j’attend un participant ( qui s’est avéré être le patron de Zéfal !) qui est allé acheter un coupe vent, le sien s’étant fait la malle en arrivant à la gare !
Du coup on rejoint tranquillement le mont Sainte Odile en ayant bien sûr essuyé une belle averse sur le trajet .
Je retrouve là haut Luc et son équipe, quelques têtes connues (Thierry et son fidèle pignon fixe, Christopher, Frédéric, …).
Photo individuelle puis direction la salle du restaurant où je rejoins tout les copains du team Cyclosportissimo. L’ambiance est détendue mais en discutant avec les uns et les autres, je m’aperçois qu’ils ont quand même bien préparé le truc : certains ont des fiches plastifiées, d’autres semblent maîtriser les subtilités du parcours à la perfection. J’ai un peu l’impression d’arriver les mains dans les poches !
Au menu : crudités, frites (!!!), poulet et glace. Bien approprié pour partir faire 1200 bornes en vélo !
Je croise également Thierry, cycliste extra avec qui j’avais bien discuté lors de la BTR de l’an dernier, et Sylvain que je félicite au passage pour son blog sur la TCR.
Pas le temps de souffler, que Luc nous donne les dernières consignes de prudence (c’est hécatombe chez les cyclistes en ce moment) et donne le départ.
Branchement de ma batterie et là, c’est le drame : la lampe ne s’allume pas. Exactement la même blague que lors du Paris Brest Paris. Je branche donc celle de secours en espérant qu’elle tienne tout le long du parcours.